03-02-2008
Dans le monde, une personne devient aveugle toutes les cinq secondes
Source : lematin.ma , 03.02.2008
«Près de 80 % des cas de cécité peuvent être évitables ou guérissables», tel est le moteur principal qui motive l'Association Marocaine de Lutte contre le Glaucome (AMG).
Cette fois ci, l'AMG poursuit son combat à Moulay Driss Zerhoune, en collaboration avec la Fédération marocaine des diabétiques et l'Amicale des ophtalmologistes de Fès-Meknès. "Les chiffres ne peuvent pas nous laisser indifférents", annonce Mohamed Ezzouhairi, président de l'AMG. Au Maroc, le glaucome "chronique" primitif (à angle ouvert) représente environ 80% des cas. Quant au glaucome "secondaire", dû à un accident, à une intervention chirurgicale ou à une maladie, il constitue 15% des cas. Par contre, le glaucome "aigu" par (fermeture de l'angle) n'est retrouvé que dans un faible pourcentage.
Dans le monde, les chiffres sont tout aussi alarmants. 180 millions de personnes souffrent d'une incapacité visuelle dans le monde. 40 à 45 millions d'entre elles sont aveugles. Une personne devient non-voyante dans le monde toutes les cinq secondes. Un enfant devient aveugle toutes les minutes et plus de 7 millions de cas de cécité sont déclarés chaque année. "Et on s'attend à ce que ces chiffres doublent d'ici l'an 2020 à cause de l'accroissement démographique et du vieillissement des populations.
En fait, ces facteurs aggravent davantage cette tragédie humaine, retardant le développement et déniant à de nombreuses personnes l'un de leurs droits fondamentaux qu'est le droit à la vue", explique le président de l'AMG. Il poursuit: "D'ailleurs c'est pour cette raison que le programme vision 2020 a vu le jour ". En effet, "vision 2020 " est une initiative conjointe de l'OMS (Organisation mondiale de la Santé) et de l'Organisation mondiale contre la cécité, à laquelle se sont ralliées d'autres institutions de santé, des institutions philantrophiques et des particuliers. Les principales stratégies de la "vision 2020", qui visent à éliminer la cécité évitable, sont principalement axées autour de la sensibilisation de l'opinion publique vis-à-vis de cet important problème de santé. Le programme vise aussi la mobilisation des ressources supplémentaires, la maîtrise des causes principales de cécité évitable, la formation des ophtalmologues et autres personnels dispensant des soins, afin d'assurer la technologie et les infrastructures appropriées.
Une formation qui ne peut qu'être louable, vu que dans certains pays sud-africains, plusieurs infirmiers sont aujourd'hui capables de faire des interventions chirurgicales ophtalmologiques.
"Malheureusement, dans notre pays, le ministère de la Santé ne fait rien pour sensibiliser la population et soigner, lors de ses diverses caravanes, des sujets atteints du glaucome. A mon sens, ce manque d'engagement vis-à-vis de cette maladie est dû à la nature même du glaucome. Il va sans dire que c'est l'une des maladies irréversibles, qui, si elle n'est pas dépistée à temps, mène inéluctablement vers la cécité. Par ailleurs, il sied de mentionner que le traitement d'un glaucomateux coûte énormément cher. Donc pour les responsables de la santé, même si une caravane est organisée, et même si des cas sont détectés, il est impossible d'assurer le suivi du malade et assumer son traitement qui dure, quand même, tout au long de la vie", déclare Mohamed Chahbi, ophtalmologiste.
Rappelons, tout de même, que le ministère de la Santé fournit plusieurs efforts pour lutter contre certaines maladies de l'œil, notamment la cataracte. En effet, parmi les interventions de santé les plus efficaces par rapport à leur coût et parmi celles qui réussissent le mieux à prévenir et à traiter la perte de l'acuité visuelle figurent la cataracte, le trachome, la cécité des rivières, la rougeole, l'avitaminose A, les vices de réfraction. Malheureusement, trois autres pathologies oculaires ont émergé avec un risque cécitant et restent dans les préoccupations de la santé publique en raison de plusieurs difficultés, notamment l'obligation de faire un diagnostic précoce et de mettre en œuvre un traitement à vie. Ces maladies sont le glaucome, la rétinopathie diabétique et la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA).
Et c'est justement dans un souci de sensibilisation que l'AMG, dont la mission est de lutter contre ces infections, ne cesse de sillonner le pays.
Sa caravane passera par Tanger, Nador, Oujda, Meknès, Rabat Yaâcoub El Mansour, El Jadida, Marrakech, Zagora, Agadir, Laâyoune et sera de retour à Sidi Moumen, à la mi-novembre 2008.
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Coût du traitement
Il sied de préciser que le glaucome, une fois dépistée, nécessite un traitement à vie dont le coût économique est élevé, ce qui constitue un handicap pour les couches sociales les plus défavorisées.
"Un patient glaucomateux au Maroc dépense, en moyenne et par an, 3.600 DH pour son traitement médical du GCAO, 800 DH pour le champ visuel et 800 DH pour les consultations", explique Ezzouhairi, soit un total de 5.200 DH. D'ailleurs, c'est pour cette raison que l'Assurance maladie obligatoire (AMO), prévoit d'intégrer la maladie du glaucome dans sa liste ALD (Affection à longue durée).
Elle compte également mettre sur le marché des médicaments génériques, moins coûteux. Rappelons que tous ces traitements stoppent certes l'évolution de la maladie, mais ne permettent pas de récupérer la vision déjà perdue !
Aucun régime, aucune vitamine, ni la mélatonine, ni l'homéopathie, ni l'acupuncture, ni les manipulations de kinésithérapie, ni aucune pratique paramédicale n'ont prouvé une quelconque efficacité contre le glaucome, à l'exception, peut-être, de certaines postures de yoga qui impliquent de rester longtemps la tête en bas. Il faut savoir, également, que le tabac et le café font monter la pression intra oculaire et qu'avant de pratiquer la plongée, qui soumet l'organisme à de grandes variations de pression, mieux vaut consulter un ophtalmologiste.
Par Rajaa Kantaoui | LE MATIN