4 Octobre 2024
Non-voyants La cécité n'est pas un obstacle à l'apprentissage
08-10-2009
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L'Organisation Alaouite pour la Protection des aveugles au Maroc œuvre depuis sa création en 1967 pour la promotion des conditions des non-voyants.
Son engagement pour la cause des non-voyants au Maroc n'a jamais fléchi depuis plus de quarante ans. Et pourtant, son action reste peu connue.
Source : lematin.ma, 08-10-2009
L'Organisation Alaouite pour la Protection des aveugles au Maroc (OAPAM) que préside Son Altesse la Princesse Lalla Lamia œuvre inlassablement depuis sa création en 1967 pour la promotion des conditions des non-voyants. L'éducation et la formation qu'elle leur offre leur donnent la possibilité de vivre dignement leur handicap et parfois de se surpasser, réalisant ainsi des performances remarquables. C'est le cas du bâtonnier de Marrakech qui est «un enfant de l'Organisation». C'est le cas aussi de certains étudiants qui ont fait une carrière brillante à l'étranger ou dans des organisations prestigieuses.
Le secrétaire général adjoint de l'OAPAM, Salaheddine Semmar, cite à cet égard, non sans fierté, le cas d'un interprète au sein de l'ONU et celui de trois professeurs d'informatique exerçant aux Etats-Unis.
Ces succès, et bien d'autres - le taux de réussite au baccalauréat dépasse 96%- renseignent sur la qualité de la formation dispensée dans les 13 centres qui relèvent de l'organisation et qui sont éparpillés un peu partout dans le Royaume.
Selon M. Semmar, «la formation ici répond aux standards internationaux. On ne dépasse pas huit étudiants par classe. De plus, le matériel didactique utilisé est le même qu'on trouve dans les pays développés.
Cela a un coût certes, mais on ne peut pas faire autrement. La formation d'un aveugle doit satisfaire à des exigences précises», explique-t-il. Qui dit formation, dit manuels scolaires. Là, il convient de souligner que la transcription et l'impression des manuels en braille se font dans les ateliers de l'OAPAM située au quartier Hassan de Rabat. «Tous les programmes du ministère de l'Education nationale, du primaire au bac sont convertis au Braille à l'aide d'un logiciel. Ils sont par la suite imprimés sur un papier spécial importé de Suède».
Toujours dans le souci d'offrir aux étudiants des outils didactiques adaptés à leur handicap, l'Organisation a mené récemment une expérience qui s'est révélée fort concluante. Elle a procédé à l'enregistrement sonore de tous les manuels sur CD et les a mis à leur disposition. «Ils ont pu ainsi réviser leurs cours à tout moment à l'aide d'un lecteur CD. Les résultats ont été à la hauteur des espérances », se réjouit M. Semmar.
L'aide apportée aux aveugles ne concerne pas que le volet pédagogique. Les différents centres de l'OAPAM assurent la prise en charge totale de tous les étudiants. «Les malvoyants, du primaire au baccalauréat, ne déboursent aucun centime. On leur offre les manuels, mais aussi et surtout l'alimentation et l'hébergement. Il n'existe pas de condition pour bénéficier de nos services, juste un certificat médical prouvant la cécité de l'étudiant.
Après le bac, on aide l'étudiant à choisir une formation selon ses compétences et ses penchants. Mais la prise en charge s'arrête à ce niveau d'étude», affirme le SG adjoint. Passé le cap du baccalauréat, l'OAPAM aide donc les lauréats à suivre des formations qui correspondent à leur handicap. Dans cette optique, elle a passé des conventions de partenariat avec certains départements ministériels. C'est le cas avec le ministère de la Santé qui s'engage à recruter 16 lauréats masseurs kinésithérapeutes chaque année. «L'organisation a pu former ainsi 83 malvoyants kinésithérapeutes. Ils ont suivi la même formation que les autres étudiants sains. Mais ils sont toujours parmi les premiers au classement de fin d'année. Ils sont nantis d'un tact et d'une dextérité extraordinaires. Ils sont de ce fait très prisés sur le marché de l'emploi. Ils travaillent dans des centres des rééducation ou dans des hôtels pour les séances de spa et de relaxation».
D'autres conventions ont été signées avec le ministère de la Communication pour les former comme journalistes radio ou standardistes. Un accord similaire a été signé avec Dar Al Hadith Al Hassania pour permettre aux aveugles de faire des études islamiques poussées. Qui a dit que la cécité était un obstacle à l'apprentissage et même à l'excellence !
Insertion professionnelle
Créée en 1967, l'OAPAM est une ONG reconnue d'utilité publique. Elle dispose de 13 établissements d'enseignement spécialisés répartis sur l'ensemble du territoire national : Témara, Tétouan, Oujda, Safi, Taza, Taroudant, Fès, Beni Mellal, Tanger, Marrakech, Meknès, Casablanca et Nador.
Ces établissements spécialisés fournissent aux étudiants le matériel didactique, impriment les manuels scolaires en Braille et prennent en charge l'hébergement et l'alimentation des pensionnaires.
Afin de favoriser l'insertion professionnelle des aveugles, elle leur prodigue des formation diverses les préparant à la vie active (kinésithérapie, centre d'appels) en plus des formations à l'artisanat (tissage, production de panier en rotin, macramé).
Par ailleurs, l'OAPAM a équipé des salles multimédia de logiciels spécifiques permettant aux malvoyants de s'initier à l'informatique et de faire des recherches sur Internet.
Repères
Promotion
Depuis sa création en 1967, l'OAPAM œuvre pour la promotion des conditions des non-voyants, notamment en matière de l'éducation et de la formation.
Centres
L'OAPAM dispose de 13 centres au Maroc formant un millier d'aveugles de différents niveaux.
Insertion
Elle propose des formations professionnelles qui favorisent l'insertion dans le marché du travail.
Par Abdelwahed Rmiche | LE MATIN
Réalisation : Pyxicom