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Reportage: Au Maroc, le handicap sort progressivement de l'ombre

10-07-2009


LE MONDE | 10.07.09

Rabat, envoyée spéciale

Tout reste à faire et pourtant les associations comme le monde humanitaire en conviennent : il souffle un vent de changement au Maroc. Ce frémissement vaut pour les handicapés comme pour les autres mais il est d'autant plus remarquable que le lien entre handicap et pauvreté est quasi systématique dans les pays en développement.

Les 650 millions de personnes handicapées, soit 10 % de la population de la planète - une estimation de l'Organisation mondiale de la santé que l'institution s'apprête à revoir à la hausse dans un rapport 2010 en cours de préparation - sont concentrées à 80 % dans les pays en développement. Et 80 % d'entre eux vivent avec moins de 1 dollar par jour, rappelle Jean-Marc Boivin, directeur général de Handicap international.

Le Maroc ne déroge pas à la règle. Souffrant d'une absence d'accès aux soins faute de moyens - seulement une personne handicapée sur cent bénéficie d'une assurance santé couvrant ses frais à 100 % -, les handicapés sont également privés d'éducation (92 % sont analphabètes) et exclus du travail (10 % seulement travaillent). Sortis de la clandestinité statistique depuis la publication d'une enquête réalisée entre 2004 et 2006 par le gouvernement, ils représentent 5,12 % de la population et vivent, le plus souvent, comme le relève l'enquête, "dans une logique de survie plus que d'intégration".

Il n'empêche. Sur le terrain associatif, comme au plan politique, les choses bougent. Le handicap "n'a jamais été aussi haut dans l'agenda politique marocain", assure le président de l'Association marocaine des handicapés, Mohamed El Khadiri, membre du Conseil consultatif des droits de l'homme.

A l'origine, en 2001, après des années de bataille, de l'ouverture à Casablanca du premier - et pour l'instant unique centre de rééducation fonctionnel qui reçoit quelque 2 000 personnes par an, M. El Khadiri est conscient de s'être substitué à un Etat défaillant. Mais ce projet a suscité l'ouverture de formations de prothésistes, kinésithérapeutes et de médecins rééducateurs, une spécialité qui n'existait pas dans le pays.

Sur le plan des droits des personnes, la ratification officielle, à Rabat, le 8 avril 2009, de la convention internationale relative aux droits des personnes handicapées, devrait permettre aux handicapés de "sortir de la charité islamique" comme l'espère M. El Khadiri.

Le Maroc s'apprête en effet à transposer cette convention dans sa législation nationale. Un avant-projet de loi sur le renforcement des droits des personnes en situation de handicap, "détaillé, réaliste et applicable", selon Adnane Jasouli, conseiller au ministère du développement social, a été élaboré dans la foulée d'une consultation nationale. Sa mesure phare : la création d'une caisse nationale de compensation, financée par l'Etat et les collectivités locales. Elle permettrait l'amélioration de l'accès aux services (hôpitaux, écoles, etc.).

Le texte ne fait que commencer son cheminement jusqu'à une adoption que le ministère espère dans un an, au plus tard. Un rendez-vous attendu avec impatience du côté associatif : "Le débat qui aura lieu au Parlement montrera, après la prise de conscience et malgré la crise, le degré de concessions que la société est prête à faire pour améliorer vraiment le sort des personnes handicapées", estime Adnane Jasouli.

Brigitte Perucca

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