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Des films pour aveugles et mal voyants au festival de Marrakech (novembre 2008)

17-11-2008

Le festival international du film (FIFM) de Marrakech présente, pour la première fois en Afrique et dans le monde arabe, des films spécialement travaillés pour permettre à des aveugles ou mal voyants de les suivre.

La technique consiste à encrypter des descriptions audio des principaux dialogues et scènes du film pendant les "blancs" entre dialogues et/ou scènes d'action. Ces "audiodescriptions" sont accessibles à un public mal ou non voyant équipé de asques audio. A l'origine de cette expérience originale, un kinésithérapeute marocain amoureux de cinéma, Saïd Oumassou. "Avant, je demandais à mes voisins ce qui se passait sur l'écran et dérangeais les gens, a-t-il expliqué dimanche au cours d'une conférence de presse. Aujourd'hui, grâce à cette technique, nous allons pouvoir devenir
autonomes".

Le FIFM, dont c'est cette année la 8ème édition, présente hors concours huit films réalisés par des cinéastes de enom et remodelés techniquement par la chaîne franco-allemande Arte, qui a une longue pratique de l'exercice. Le premier film du genre, "Gorilles dans la brume", a été présenté dimanche soir. D'autres festivals de cinéma, dont celui de Dubai (du 11 au 18 décembre), ont exprimé leur intérêt pour cette expérience. A terme, ses promoteurs espèrent que la majorité des films marocains -- sinon l'intégralité -- soient, dès leur tournage, réalisés avec des audiodescriptions pour aveugles ou mal voyants. Cela pourrait, a noté le réalisateur marocain Mohammed Abderrahman Tazi au cours  de la même conférence de presse, être un "plus" lors de l'attribution des aides (avances qur recettes) consenties aux producteurs nationaux. Le royaume produit aujourd'hui une quinzaine de longs métrages et quelque 50 courts métrages.

Pourtant, les obstacles à la généralisation du procédé ne manquent pas. Techniquement, d'abord. Tous les films ne sont pas "audiodescriptibles": par exemple lorsque les dialogues ou les scènes d'action sont trop denses... ou trop lents, a reconnu M. Oumassou. Humainement ensuite. "Il y a un vrai problème de compétence", a-t-il noté. Le public non ou mal voyant doit avoir "une totale confiance" dans la personne qui intègrera des commentaires dans le film et "fera un choix, forcément subjectif".

Cette expérience porte néanmoins en elle "les germes de l'avenir", a souligné le directeur artistique du FIFM, Bruno Barde, car "le cinéma n'est pas seulement un art de l'image mais aussi celui du verbe". Une vingtaine d'aveugles ou mal voyants vont assister aux huit films qui leur sont destinés au FIFM et pour l'un d'entre eux, cette initiative est "le début d'une longue marche". Ouvert vendredi, le FIFM se termine le 22 novembre.

Souce: Tageblatt du 17 novembre 2008

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