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Administrations, transports en commun, espaces publics... Une loi pour faciliter la vie aux handicapés

25-10-2011

Administrations, transports en commun, espaces publics... Une loi pour faciliter la vie aux handicapés Ce dispositif, malgré le retard qu’a pris son application, est une première au Maroc. La loi vient effacer les années passées d’exclusion et de marginalisation desquelles a souffert l’ensemble de la population à besoins spécifiques.

Si les taxis dédiés aux personnes à besoins spécifiques ont déjà démarré, aujourd’hui tout un dispositif favorisant l’accessibilité à cette population est sur les rails . C’est confirmé ! Les personnes à mobilité réduite jouiront dorénavant de plus d’autonomie sur le plan social. L’accès aux espaces ouverts, aux édifices publics ainsi qu’aux moyens de transport et de communication leur sera, prochainement, possible. Le décret d’application de la loi 10-03 relative à l’accessibilité des personnes en situation d’handicap vient consolider ce droit. Ce décret publié dans le bulletin officiel du 13 octobre 2011 concerne près de 1.530.000 personnes, soit 5,12% de l’ensemble de la population marocaine. «L’entrée en vigueur de ce décret couronne les efforts déployés par notre gouvernement en matière de préservation des droits des personnes à besoins spécifiques. C’est une grande réussite pour notre département qui a tant milité pour la mobilité et le déplacement des personnes à besoins spécifiques», a déclaré à ALM Nouzha Skalli, ministre du développement social, de la famille et de la solidarité. Et de poursuivre qu’«un guide de normes d’accessibilité est déjà élaboré par son cabinet, accompagnant ainsi la mise en œuvre de la nouvelle loi en mettant un cadre de référence technique de mise en accessibilité des espaces publics». Si la ministre se félicite de la publication de ce décret, la société civile trouve que le ministère doit et peut mieux faire. Pour Sabah Zemmama Tyal, présidente de l’Association Anaïs, cette loi est loin de répondre à tous les besoins de ces personnes et ne prend pas en considération les spécificités de chaque type de handicap (voir entretien page 5). Ce dispositif, malgré le retard qu’a pris son application, est une première au Maroc. Il a été approuvé conjointement par six départements ministérielles.

Cette loi, quoique très critiquée par les acteurs associatifs, vient effacer les années passées d’exclusion et de marginalisation desquelles a souffert l’ensemble de la population à besoins spécifiques. Pour un développement inclusif de cette population, ladite loi s’est axée autour de cinq volets spécifiques en l’occurrence l’urbanisme, l’architecture, le transport et communication. Ainsi, 16 articles sont venus détailler les moyens techniques pour la mise en œuvre d’infrastructures favorisant cette accessibilité. À cet effet, le ministère l’habitat, de l’urbanisme et de l’aménagement de l’espace, à travers ses 25 agences urbaines, joue un rôle prépondérant. Sa contribution est limitée dans le cadre législatif et réglementaire visant à mettre en œuvre le projet de code de l’urbanisme, en l’occurrence l’élaboration d’un document graphique indiquant l’accessibilité requise, ainsi que l’application du code de construction pour les espaces bâtis et leur environnement.

Notons qu’un don du Japon a été accordé récemment au gouvernement afin de lancer un projet pilote à Marrakech de mise en accessibilité d’espaces publics. Selon le ministère de tutelle, ce projet sera l’occasion de sensibiliser les acteurs et de mettre en lumière les bonnes pratiques d’aménagement en matière d’accessibilité. Une initiative qui s’étalera dans les brefs délais dans l’ensemble du territoire marocain.

Source : aujourdhui.ma, 25-10-2011 Par : Kawtar Tali

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Entretien avec Sabah Zemmama Tyal, présidente de l'association Anaïs
«Nous exigeons une loi complète»

ALM : Quel commentaire faites-vous de ce décret ?
Sabah Zemmama Tyal :
C’est un projet qui existe depuis belle lurette et ce n’est que cette semaine que son décret d’application a été publié. Comme vous pouvez le constater, ce décret traite partiellement de l’accessibilité des personnes aux besoins spécifiques et ce, en se basant sur l’aspect architectural, urbain et superficiellement sur la composante communication.

Ces dispositions sont-elles suffisantes pour favoriser l’accessibilité et par la suite l’intégration des personnes aux besoins spécifiques dans la société ?
On ne peut pas le nier, ce dispositif va favoriser, en quelque sorte, l’autonomie des personnes aux besoins spécifiques. Mais d’un point de vue personnel, je trouve que cette loi est incomplète. Comme sus-cité, le décret détaille en grande partie les moyens techniques pour les handicapés physiques avec une petite pensée pour les handicapés sensoriels. Or l’accès à l’éducation de cette population ainsi qu’au travail, sport et loisir a été négligé.

Qu’en est-il des personnes souffrant d’infirmité mentale ?
Sincèrement, je suis déçue. Aucune attention n’a été prêtée à ces personnes. C’est comme si elles n’avaient jamais existé. Et pourtant, elles représentent une grande marge des personnes aux besoins spécifiques. Vraiment, je ne vois pas l’intérêt de délaisser les personnes souffrant d’infirmité mentale. Ce sont des citoyens comme nous. Ils bénéficient des mêmes droits. Alors pourquoi cette ségrégation ?

En tant qu’acteurs associatifs, avez-vous contribué à l’élaboration de cette loi ?
En tant que militants pour la cause des personnes aux besoins spécifiques, nous avons organisé de nombreuses rencontres avec les instances concernées, notamment le département du développement social et de la famille. Nous avons débattu de plusieurs thèmes en faveur de l’insertion des personnes à besoins spécifiques dans la vie sociale, et en particulier de leur accessibilité. Toutefois, il y a encore du chemin à faire. On ne peut point atteindre le stade d’autosatisfaction car je le redis, cette loi est incomplète. Pour s’intéresser aux autres catégories des personnes aux besoins spécifiques, il faudra attendre une nouvelle loi. Et Dieu sait combien de temps nécessitera son élaboration.

Quelles sont vos recommandations dans ce sens ?
Nous exigeons une loi complète qui réponde aux besoins de toute personne à besoin spécifique. Chaque handicap nécessite des moyens particuliers. Nous devrons, par ailleurs, nous intéresser aux handicapés mentaux. C’est l’une des recommandations primordiales. Cette population a, également, besoin de s’autonomiser. Contrairement à ce que l’on peut croire, les personnes à infirmité mentale ne sont pas invalides. Plusieurs métiers leur sont appropriés. Ces personnes ont du potentiel. Pour favoriser cette accessibilité, il faut commencer par installer une signalisation par pictogramme national en faveur de ces personnes. De même, il est nécessaire de leur déployer des lignes particulières pour assurer leur mobilité ainsi qu’une aide humaine pour les accompagner. À la veille des élections, il faut penser à un modèle de vote pour impliquer ces personnes dans la vie politique. Un vote par tuteur leur sera bénéfique pour qu’elles puissent enfin faire entendre leurs voix et défendre leurs droits.

Source : aujourdhui.ma, 25-10-2011,
Par : Kawtar Tali

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