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Personnes handicapées : Quels moyens pour quel avenir ?

13-12-2010


 
Une meilleure participation sociale des personnes en situation de handicap passe inéluctablement par une structuration de la société civile.

Handicap International et l'Amicale marocaine des handicapés ont organisé, récemment, une journée d'étude autour du thème «Les dispositifs d'action sociale de proximité pour une meilleure participation sociale des personnes en situation de handicap».
S'inscrivant dans le cadre du Programme d'accompagnement à la participation sociale «PAPS», ce colloque se veut être un espace de rencontres et d'échanges entre les associations des personnes en situation de handicap, les institutions et services sociaux et médico-sociaux.

A ce propos, le PAPS est un projet mis en œuvre par Handicap International en partenariat avec l'Amicale marocaine des Handicapés depuis le mois de mai 2008, avec le soutien financier de l'Union européenne et celui du ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, du ministère de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Formation des cadres et de la Recherche scientifique, ainsi que du ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle. Le PAPS vise à accompagner les projets de vie des personnes en situation de handicap dans le domaine social, scolaire, de formation professionnelle et de l'emploi. Parallèlement, cette rencontre a été l'occasion pour la présentation des résultats et les préconisations issues de l'étude nationale sur l'état des lieux des dispositifs d'accueil, d'information, d'évaluation et d'orientation.

Laquelle étude a été réalisée par Mokhtar El Harras et Driss Bensaid, professeurs sociologues à la Faculté Mohammed V de Rabat des Lettres et Sciences humaines, ainsi que par des étudiants. «C'est un colloque national et international, puisque des organisations issues de pays étrangers y participent également.
L'objectif est de s'arrêter ensemble, aussi bien la société civile, les institutions étatiques, l'université et le secteur privé, sur la qualité des services donnés aux personnes en situation de handicap», explique Mohamed El Khadiri, président de l'Amicale marocaine des Handicapés (AMH). Et de préciser : «Il s'agit de dévoiler comment les personnes handicapées sont reçues et sont perçues, quels services reçoivent-elles, de quelle qualité, est-ce qu'ils sont suffisants ?
Ces services sont-ils donnés exclusivement par les associations ou bien l'Etat a-t-il un apport ? etc. Mais avant d'organiser cette journée, nous avons fait un travail académique. Il s'agit d'une étude scientifique réalisée par des professeurs universitaires en sociologie».

En marge de ce colloque, trois ateliers ont été organisés autour du concept «Dispositif d'action sociale de proximité».
«Associations/institutions : quel type de conventionnement de partenariat et de réseautage?», «Quel référentiel métier (qualification et compétence), accueil, information, évaluation, orientation et accompagnement» et «Quel type de moyens techniques, financiers et outils d'élaboration et d'évaluation de projet de vie ?», sont les thèmes autour desquels ces ateliers ont été orchestrés. Les différentes interventions tournaient autour du combat au quotidien des personnes en situation de handicap. Evoquer toute sorte de handicaps ne peut que renvoyer, chez nous, au manque flagrant en infrastructures dédiées, en voies d'accès, sans oublier le droit à l'emploi sans que cela ne fasse l'objet de discrimination.
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Questions à : Mohamed Al Khadiri, Président de l'Amicale marocaine des Handicapés.

«Il y a une réelle discrimination dans le monde de l'emploi»

• Qu'est-ce qui ressort de la récente étude que vous avez réalisée au Maroc ?

D'abord, cette étude a permis de s'arrêter sur l'état des lieux concernant les conditions des services fournis aux personnes handicapées au Maroc. Elle a pu nous montrer les points forts et les points faibles et elle s'est conclue par des recommandations. La conclusion est que la majorité des services fournis aux personnes handicapées par les associations reste en deçà des besoins. Des associations qui, faut-il le rappeler, se débrouillent toutes seules et reçoivent très peu de soutien de la part de l'Etat, lequel soutien reste insuffisant. Les associations elles-mêmes ne font pas un travail complet et, d'ailleurs, très peu d'entre elles arrivent à répondre aux besoins de manière complémentaire et professionnelle. Nous avons également des associations qui font dans l'amateurisme, d'autres qui font carrément du mauvais travail, il faut le reconnaître, cela peut être néfaste pour les personnes handicapées.

• Qu'en est-il des recommandations alors ?

Par rapport aux recommandations, il faudra tout d'abord instaurer un cadre juridique qui réglemente ce domaine, afin de permettre aux associations de travailler dans un cadre légal, qu'il y ait une stratégie claire et que les associations ne travaillent pas chacune dans son coin, mais plutôt qu'elles se rejoignent dans le courant d'un programme national déterminé, connu et chiffré. Il faut aussi que les associations disposent des ressources nécessaires pour mener à bien leurs actions, qu'elles puissent se professionnaliser, etc.
Aussi, les interventions des différents participants nous mettent aujourd'hui devant une urgence et mettent l'Etat face à ses responsabilités, surtout que le Maroc a ratifié la convention pour les droits des personnes handicapées, d'où l'obligation première d'assurer un standard minimum pour que la personne handicapée ait la possibilité d'être incluse dans la société. Parallèlement, les associations qui assurent actuellement, à elles seules, les prestations en totalité doivent être soutenues, accompagnées, contrôlées et évaluées. Donc, tout ceci doit se faire dans un cadre légal pour éviter l'approche arbitraire qui prévaut actuellement.

• Peut-on parler de discrimination dans le monde de l'emploi ?

Certes, il y a une discrimination, mais je ne dirai pas qu'elle est systématique dans le sens où une personne handicapée fait l'effort et arrive à s'intégrer. Mais elle ne trouve pas l'accompagnement nécessaire pour accéder au domaine du travail. C'est dire qu'il y a une réelle discrimination qui est exercée sur les personnes, fondée principalement sur leur handicap, et non sur un manque de connaissances ou de formation. Même avec une licence ou un doctorat en poche, la personne handicapée est écartée pour son handicap, car soit l'on estime qu'elle présente une image négative de l'entreprise, soit l'on pense qu'elle va entraver la bonne marche du travail ou encore qu'elle ne pourrait pas remplir sa mission. En d'autres termes, on lui nie une égalité des chances.
                    
Repères

Enquête
    
Une enquête nationale publiée en 2006 fait ressortir que 5,12 % de la population est en situation de handicap.
    
Quota : Le système de quota existant fixe à 7% le taux de personnes handicapées parmi les employés dans le public.
    
En 12 ans, à peine une cinquantaine de personnes handicapées ont pu décrocher un job dans le public grâce au système de quota.
      
Par Abdelhakim Hamdane | LE MATIN
                       
Source : lematin.ma, 13-12-2010
http://www.lematin.ma/Actualite/Journal/Article.asp?idr=116&id=143459

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