23-04-2009
Hassan est un jeune non voyant marocain qui s’accroche à la vie. A l’instar de tous ses amis non voyants, il fait tout pour ne pas rester inactif. Il veut servir à quelque chose et surtout gagner sa vie dignement. «Je ne suis pas prêt à renoncer à mes rêves», clame-t-il. Il a tout pour réussir : compétence, diplômes … et surtout une grande volonté. Ses rêves, ils sont très nombreux, mais il ne tient qu’à un seul : «créer un centre d’appels où je pourrai embaucher des centaines de non voyants. D’ailleurs, j’en connais des dizaines capables de donner satisfaction», déclare le jeune opérateur, tout en esquissant un grand sourire. Depuis quelques mois, il s’est rendu chez un grand spécialiste de l’Offshoring à Casablanca, lui demandant conseil. Ce dernier n’hésite pas une seconde à lui présenter son aide. Et pourtant, l’idée lui semblait un peu bizarre. En premier lieu, il le met à l’épreuve. Sur le champ, Hassan est recruté comme standardiste à la société Mohamed El Ouahdoudi, opérateur dans l’Offshoring en Europe et au Maghreb. Et c’est la satisfaction ! Hassan est excellent. «Après à peine quelques mois à son poste, le rendement de ce standardiste non voyant est satisfaisant», témoigne Khalil Daffar, collègue de Hassan.
Son patron ne cache pas sa satisfaction non plus : «Il m’a étonné par sa grande maîtrise de son travail et par sa mémoire infaillible». Certes, Hassan n’aura pas immédiatement son call center, mais son idée est bonne pour créer de l’emploi à toute une catégorie sociale spécifique. Quelques jours plus tard, un projet en bonne et due de forme est sure le bureau de Nouzha Skalli, ministre du développement social, de la famille et de la solidarité. Cette dernière ne tarde pas à donner un bon feed-back au représentant de l’Association des centres d’appel et des services informatiques offshore au Maroc (ACASIOM), Mohamed El Ouahdoudi, et au jeune Hassan qui attendait impatiemment la réponse de la ministre. L’idée du jeune Hassan est enfin réalisable. Il ne reste plus qu’à étudier le volet technique de l’opération. Pour le reste, un comité de suivi conjoint entre ACASIOM et le ministère est déjà en place.
Affaire conclue le 26 novembre 2008 par un courrier de Nouzha Skalli. La ministre a même engagé plusieurs responsables de son département dans la réalisation de ce projet qualifié de « prometteur ». Une convention d’appui au recrutement des personnes à besoins spécifiques dans les centres d’appels et les centres d’informatique et de BPO Offshore est signée.
Depuis, le projet a pris l’ampleur : «Dans le cadre de la convention signée avec Nouzha Skalli et l’association ACASIOM, des personnes à besoins spécifiques seront intégrés dans les centres d’appels dans les mois à venir», nous explique Mohamed El Ouahdoudi, responsable du projet et spécialiste marocain en l’Offshoring. La convention signée sera valide lors de la prochaine édition du Salon spécialisé dans les calls center (SICCAM) organisé, du 12 au 13 mai prochain, sous le thème : «label social et performance des centres d’appels».
Conclusion : «Hassan et ses camarades ont un nouveau créneau d’emploi», adopte le spécialiste. Selon El Ouahdoudi, au moins, ces jeunes seraient recrutés dans des postes de standardistes au sein des centres d’appels, s’ils n’y étaient pas embauchés comme téléopérateurs. Ils bénéficieront de tous leurs droits. Des contrats ANAPEC sont prévus et des subventions au financement des postes de travail promis sont prises en charge par le ministère. Une collecte des bases de données de la population cible est déjà en cours. Tous les acteurs économiques concernés et les associations y participent. Le recrutement passera par plusieurs étapes, mais sans perdre du temps. Dans quelques semaines, l’ANAPEC devrait donner la liste des candidats dont le profil est adéquat à la demande des opérateurs. Une grande campagne de communication est prévue avec la participation du Lions Club de Casablanca.
Objectif : collecte des fonds nécessaire pour pousser à terme cette initiative, le «Label» sera dédié à toutes les entreprises citoyennes qui ouvrent leurs portes à ces candidats. Pour les non voyants, la formation durera plus de temps, car elle demande à la fois des compétences et du matériel adaptés à leurs besoins.
Une chose est sûre : «si leurs compétences ne sont pas adaptables aux opérations commerciales, ils le seront dans le standard des calls center», affirme El Ouahdoudi. De toute façon, Hassan s’en sort bien. Et s’il a réussi à convaincre, d’autres réussiront également. La volonté de ces jeunes est sans limites, leur espoir aussi.
Source: Le SOIR - 23/04/2009